De la cornaline de Cambrai aux perles de verre de Murano:
Histoires de voyages, voyages de perles
L’histoire des perles du Mali reflète la multiplicité et la diversité des modes de vie qui s’y sont développés
Tombouctou, empire Mandingue, empire de Djenne-Djeno, ou empire d’Aoudaghost … la réputation des royaumes qui ont existé sur les terres aujourd’hui maliennes n’est plus à faire. La richesse des rites et les cultures qui les caractérisent en sont le reflet manifeste. Des peuples Touareg, Peul, Bambara, Dogon émanent des éléments de parures bien à eux, dépendant de l’approvisionnement en matière première (le granit par exemple chez les Dogon ou la cornaline chez les hommes du désert) et de la spiritualité de chacun, et donc de leur positionnement sur les routes commerciales…
Trois facteurs ont joué un rôle déterminant dans la fabrication et l’utilisation des perles du Mali: l’environnement politique et social, la disponibilité et la distribution des matières premières et, depuis 14 siècles, le contact avec les cultures et les techniques du monde islamique et européen.
Les perles du Mali sont d’une diversité étonnante. Le territoire qu’il recouvre aujourd’hui a longtemps été un carrefour commerçant, fort de ses trois fleuves et des ses routes sillonnées par les hommes touareg au nord : seuls à connaître les secrets du désert, ils rapatriaient des rivages de la méditerranée les perles, les étoffes, les épices venues par la route de la soie où l’on échangeait déjà avec l’Égypte de l’amazonite. L’on peut ainsi trouver sur ce territoire des perles de verre importées d’Inde au 12e siècle (perles dites Nila vertes, jaunes ou bleues), de très belles et très chères perles de verre islamiques, ou de la cornaline de Cambrai.
De même, les fameuses verroteries utilisées pour le commerce au triste nom de « triangulaire »: les fameuses « Goulimime » du Maroc appelées « millefleurs » au Mali, de son nom italien « Milefiori » fabriquées à Murano. Pendant des siècles, l’Afrique subsaharienne est entraînée dans la lutte que se livrent les puissances européennes pour s’emparer de ses populations, de ses terres et de ses richesses. Dans cette affaire, les perles, particulièrement de verre européennes (de Murano et de Bohème) ont joué un rôle primordial pour le troc et très recherché : pour les peuples qui ne connaissaient pas le travail du verre, les couleurs étaient éblouissantes! En témoignent les cahiers des marchands de l’époque exposés au British Museum. (CF. « Le livre des perles » de Lois Sherr Dubin.)
Les plus anciennes perles que l’on connaisse du Soudan (10000 ans avant Jésus Christ) sont faites d’œuf d’autruche. Vous pourrez en trouver sur ce lien: œuf d’autruche.
Vous découvrirez quelques photos des perles du Mali et du pays sur ce lien, du temps où j’habitais à Bamako. Et de nombreux grigris qui en contiennent sur le site… Le plus achalandé étant celui ci, de toute beauté